Alfredo Gomez-Muller
Alfredo Gomez-Muller est professeur d’Études Latino-américaines et de Philosophie à l’Université de Tours, et professeur invité de nombreuses universités latino-américaines. Il est membre des équipes de recherche Interactions Culturelles et Discursives (ICD, Tours) et Théorie Politique Contemporaine (TEOPOCO, Universidad Nacional de Colombia). Parmi ses ouvrages : Éthique, coexistence et sens ; Sartre, de la nausée à l’engagement ; Alteridad y Ética desde el descubrimiento de América ; Anarquismo y anarcosindicalismo en América Latina ; La Reconstrucción de Colombia.
Nihilisme et capitalisme
Détails (éditeur, date d’édition, etc.) : Éditions Kimé (Paris), collection « Philosophie en cours), 2017
Discipline : Philosophie
L’expérience nihiliste de vivre dans un monde dépourvu de sens est rattachée à l’expansion mondiale du capitalisme, qui n’est pas simplement un mode de production mais aussi et surtout un régime de dévastation de la capacité humaine de créer et de conférer du sens et de la valeur au monde ainsi qu’à l’activité humaine comme telle. Le capitalisme — privé ou d’État — est un régime de clôture du possible qui assigne à l’humain ainsi qu’à tout ce qui existe la signification absolue de ressource disponible et appropiable en vue de l’accumulation de l’avoir et du pouvoir. Un régime qui est incompatible avec la culture dont le sens premier est le prendre soin de la terre — puis le prendre soin de l’humain. L’activité capitaliste est portée par un modèle de rationalité purement instrumentale et calculatrice, déterminant une subjectivité « unidimensionnelle », capable de finalités utilitaires mais incapable de (re)créer socialement et incessamment une symbolique du sens existentiel. Une subjectivité sans esprit, à l’image du « dernier homme » décrit par Nietzsche, pour lequel l’habitude de regarder vers le bas lui fait perdre jusqu’à la signification du mot « étoile ».